Les légendes de Malans

 

IL SE DIT QU’A CRIMONT…

Crimont est une des nombreuses dentelures qui bordent le plateau d’Amancey. Elle tient du plateau par une roche aplatie au sommet, escarpée de chaque flanc, et si étroite que sur plus de deux cents mètres de longueur, qu’il n’y a de place que pour le passage d’un seul chariot. Un vallon ayant la forme d’un croissant de lune, fait le tour entier de Crimont. Si de cette hauteur, par temps calme, on pousse un cri, deux groupes d’échos, l’un à droite, l’autre à gauche, répondent par un son très prolongé, pareil à un formidable gémissement. C’est dit-on l’Esprit de Crimont.
Ce qu’il y a de plus effrayant, c’est que la voix de l’âme en peine se fait entendre quelques fois d’elle-même aux visiteurs. Car on a cru depuis longtemps et l’on croit encore dans le pays que l’Echo de Crimont est la voix d’une âme en peine.

« Je puis attester dit-il que, me trouvant au bois de Crimont en 1826, j’entendis derrière moi, à une assez grande distance comme le cri inarticulé d’un homme qui réclame quelqu’un ; Que je retournai sur mes pas, et que n’apercevant personne, je demandais à ceux qui m’accompagnaient si c’était une voix que j’avais entendue. On me répondit affirmativement ; mais comme nous continuions la marche sans attendre celui qui nous appelait, je proposai de nous arrêter afin de lui donner la possibilité de nous rejoindre.
– Allons toujours, me dit-on en souriant, il nous rattrapera bien, s’il le veut ; car l’Esprit de Crimont que vous entendez. La dénomination de Crimont déjà mentionnée aux anciens titres, est une bonne preuve que le cri se fait entendre depuis longtemps sur cette montagne.

Extrait des Traditions populaires de Franche-Comté

LA FONTAINE DE GAL

Entre Amancey et Coulans, presque au sommet de la vallée de « Val d’Anchet », qui existe à l’est de Crimont, on trouve la fontaine de Gal. Sortant d’un rocher bordé de mousse et de lierre dans un lieu boisé et d’un accès peu facile.
L’ensemble du rocher d’ou s’échappent les eaux de cette source, qui est d’une fraîcheur extraordinaire, à la propriété de guérir les plaies de l’âme et du corps et de laver toutes les souillures.
Autrefois, on se servait de cette eau pour faire la toilette des morts, et à cette fin on venait en chercher de très loin à la ronde. Toutefois, malgré le renom de ses propriétés miraculeuses, cette source est redoutée. Les bergers n’y boivent point et n’y abreuvent pas leurs troupeaux.